Du port de Syracuse nous pouvons parfois apercevoir les pentes enneigées du plus haut volcan de l’Europe : l’Etna. Culminant à 3 330 mètres d'altitude, il est un des volcans les plus actifs du monde avec presque cent éruptions au cours du 20e siècle. Et il continue à cracher de la lave : en moins de deux mois, il y a eu trois nouvelles éruptions, la dernière datant du 13 avril 2012, donc il y a trois jours. On a vu des fumées de cendres et de poussières de lave sortant de l’un des quatre cratères sommitaux. Mais rassurez-vous, personne ne se sent réellement en danger ici. Le volcan est très surveillé par les vulcanologues qui savent mesurer la force des éruptions. La majorité des produits éruptifs de l'Etna sont émis sous forme de coulées de lave qui atteignent rarement la mer Méditérranée. Ce fut seulement le cas des coulées historiques de 1329, de 1381 et surtout de celle de 1669 qui détruisit une partie de la ville de Catane.
Nous louons une voiture avec un ami, José, afin de voir l’Etna de plus près. On est monté à 2000m d’altitude. De là, il est possible de prendre un téléphérique et de monter à 2500m d’altitude et enfin d’emprunter un 4X4 avec guide qui vous emmènera sur les bords d’un cratère sommital. Mais cette excursion a évidemment un coût (assez important) que nous n’étions pas prêt à payer. La journée a pourtant été belle et la visibilité exceptionnelle. Depuis notre point de vue, nous avions une vue dégagée sur la ville de Catane et la mer. Les pentes du volcan sont couvertes de vergers de citronniers et d'oranges qui laissent leur place aux forêts et genêts à partir de 800 mètres et jusqu'à 1 500 mètres d'altitude à partir de laquelle la végétation se fait plus rare jusqu'à devenir totalement absence. Les photos le démontrent bien.
Puis en fin d’après-midi, nous reprenons la route pour Milazzo au nord de la Sicile où nous passons la nuit dans un « Bed and breakfast » (une chambre d’hôte avec jardin) au pied du château de la ville. Le lendemain, on se lève à 5 heures du matin, nous prenons un ferry pour l’île de Vulcano.
"Tiens, quel drôle de bateau, il avance comment? En tout cas, ça pue!"
C’est une île volcanique située dans l’archipel des Eoliennes, au nord de lla Sicile. Nous y passons la journée ce qui nous laisse le temps de grimper sur le sommet du cratère qui se trouve à environ 440m de hauteur. On peut y accéder en empruntant un chemin balisé pour lequel nous devons néanmoins payer 3€ par adulte (les îles Eoliennes vivent essentiellement du tourisme). Il pleut ce matin-là, la visibilité est plutôt moyenne mais l’île a beaucoup de charme.
Plus on monte, plus la vue est impressionnante et petit à petit le soleil arrive même à percer les nuages. Le site est magnifique et la vue sur l’archipel des îles à couper le souffle. Puis au bout d’une heure d’ascension (bravo les enfants !), nous voilà au bord du cratère, le siège de l’activité volcanique. A plusieurs endroits, il laisse échapper des fumerolles colorées en jaune par les cristaux de sulfure d’hydrogène. Bouchez-vous le nez, ça sent les œufs pourris ici ! Selon la direction du vent, les fumées se dirigent en notre direction et le gaz qu’elles comportent nous pique la gorge. On s’éloigne vite, nous orientant de l’autre côté du cratère afin de profiter d’une vue bien dégagée sur l’ensemble de l’archipel des îles Eoliennes.
Vue depuis le sommet du cratère de Vulcano en direction du nord avec les îles de Lipari et Salina au dernier plan
Après un bon pique-nique au sommet du volcan, nous nous apprêtons à redescendre les pentes du cratère. Les enfants ne montrent aucun signe de fatigue : Nicolas se passionne pour les volcans, il est très heureux de notre excursion. Timéo est un bon marcheur à son âge (41/2 ans), mais il aime parfois se reposer sur le dos de son père qui le porte comme un petit koala. Avant de reprendre le ferry pour Milazzo, nous nous promenons un peu dans le seul village de l’île qui compte environ 700 habitants. L’île possède également quelques plages de sable noir où débouchent des sources thermales soufrées aux vertus réputées thérapeutiques et dont la température varie d'environ 35 °C à 50 °C. Des mares de boue sulfureuses permettent aussi de prendre des bains. Mais ils sont déconseillés aux enfants de moins de 15 ans. On reviendra quand les garçons auront atteint l’âge de la puberté afin de soigner leurs acnés… (petit clin d’oeil).
Enfin, les fumerolles de Vulcano nous montrent que le volcan demeure en activité. Il fait l’objet d’une surveillance constante par des vulcanologues. La dernière éruption violente date de 1890. Nous aurions également aimé visiter le volcan de Stromboli situé au nord-est de Vulcano d’où nous apercevons régulièrement des fumées sortant de son cratère. En effet, la particularité de ce volcan réside dans ses éruptions régulières (à raison de plusieurs par heure) visibles de nuit qui lui ont d’ailleurs valu le surnom de « phare de la Méditerranée. On peut s’y rendre avec un guide mais l’ascension du volcan dure trois heures et la descente se fait de nuit. Il est possible de passer à côté de l’île en voilier et nous espérons pouvoir voir ce spectacle naturel un jour. A suivre…
Après une deuxième nuit passée à Milazzo, nous reprenons la route du sud. Nous nous arrêtons à Taormine sur la côte est de la Sicile. La ville est en balcon sur la mer face à l'Etna. Dans l’Antiquité, la ville occupait une position géographique clef entre les puissantes cités de Catane au Sud et de Messine au Nord, à proximité du continent, faisant face à la Grèce. Aujourd’hui, Taormine dominée par sa forteresse et au loin par l'Etna, peut être qualifiée de "St. Tropez sicilien". C’est une destination touristique prisée. Elle est aussi une station climatique de premier ordre, bénéficiant d’un microclimat. Son panorama est extraordinaire et son patrimoine historique, culturel et archéologique riche et animé.
Nous sommes venus afin de visiter le théâtre antique gréco-romain qui se trouve près du centre-ville, à l'est du promontoire. Il est l'une des ruines les mieux préservées de Sicile. Il est construit en grande partie de briques et date donc probablement de l'époque romaine même si son plan et sa disposition sont plus d'influence grecque que romaine. On suppose que l'actuelle structure en forme d’amphithéâtre a été construite sur les fondations d'un autre théâtre de la période grecque. Ce théâtre est l'un des plus importants du monde antique. Et il est le deuxième plus grand théâtre de Sicile après celui de Syracuse. Il pouvait accueillir au total 5 400 personnes. L'acoustique est reconnue comme exceptionnelle (nous ne sommes pas montés sur scène pour essayer…). La scène est en très bon état : remarquablement conservée, avec son mur de fond à 2 étages. Creusé dans la roche, de forme classique, il est comme une gigantesque coquille face à la mer. Nous avons passé quelques heures à contempler le site et les paysages environnants.
On peut dire que la Sicile restera pour nous l’une des plus belles régions de la Méditerranée que nous avons visitées pendant notre voyage.
De retour à Syracuse, nous attendons désormais une bonne fenêtre météo afin de pouvoir remonter la botte italienne. Il faudra certainement patienter encore quelques jours. Mais cette ville nous plaît et il nous reste encore quelques monuments et musées à visiter. Mais on aime aussi flâner tout simplement dans ses rues et ruelles, boire un bon café italien ou manger une grosse boule de glace délicieuse.